Résilience : Mon histoire avec la psychose
J’ai été très proche d’une personne que j’ai accompagné, comme j’ai pu et avec son consentement, à travers les hospitalisations, à travers son parcours de rétablissement suivant une psychose. J’ai fait des erreurs d’accompagnement, j’ai fait des bons coups, je suis une humaine. Ça m’a laissé des traces à moi aussi comme accompagnante. Ça a laissé des traces sur notre relation. Et y’a eu les préjugés, la stigmatisation. La mienne en premier, celle des autres aussi face à ce diagnostic de psychose. La honte qu’on porte, comme une tare.
En 2020, en pleine pandémie, j’ai dû faire appliquer la loi de protection sur les personnes (la LPP ou communément appelé la P38) pour quelqu’un que j’aime qui, je crois, était en psychose à ce moment. Une autre relation sur laquelle la psychose apparentée a laissé des traces dans ma vie. Une autre expérience d’accompagnement, bien différente cette fois-là car non-consentie. Encore des stigmas, des préjugés. Les miens, ceux des autres. Une relation à rebâtir.
J’ai eu moi aussi des enjeux de santé mentale mais je n’ai pas vécu personnellement cette expérience qu’est la psychose apparentée. Je l’ai accompagnée, j’en ai été le témoin privilégié. J’ai voulu aider, comme j’ai pu avec les moyens et les connaissances que j’avais à ce moment. J’ai aidé au point de m’en fatiguer et d’en devenir quelqu’un que je ne reconnaissais plus. J’ai dû prendre du recul face à certaines personnes que j’adore pour me refaire, me rebâtir moi-même. J’ai dû aller chercher de l’aide dans des organismes.
Aujourd’hui, je suis devenue – en plus d’être photographe- paire aidante famille pour accompagner et soutenir d’autres proches comme moi, qui accompagnent à travers différents enjeux de santé mentale. Je remarque aujourd’hui dans mon bureau combien la psychose a cette aura qui fait peur. Et pourtant!
La vie m’a amenée à rencontrer des gens incroyables ayant vécus ou ayant accompagné dans la psychose. Ces gens portent tous la même lumière de résilience. Et aujourd’hui, c’est cette lumière de résilience que j’ai envie d’exposer, de montrer à travers un projet artistique qui soulignera mes bientôt 10 ans en photographie. Des portraits francs, authentiques de gens ayant vécu ou accompagné une à travers un diagnostic de psychose apparentée. Des portraits sans honte associée, sans stigmas. Ces gens sont des battants mais surtout des humains avec une force incroyable : celle de se relever après être tombé et surtout, fleurir, grandir, s’épanouir.